Bruxelles, 16 Juillet 2019 – L’attaque aérienne odieuse perpétrée contre le centre de détention pour les migrant.e.s de Tajoura en Libye le 3 juillet 2019, faisant jusqu’à 50 morts et plus de 130 blessés, constitue une violation flagrante des droits humains de citoyen.ne.s africain.e.s vulnérables. Après la première vague d’émotions, certes reste le fait que davantage de migrant.e.s et de réfugié.e.s continueront de mourir et de souffrir des conditions inhumaines, dégradantes et dangereuses si la communauté internationale ne trouve pas de solution durable.
Dans ce contexte sinistre en Libye et la situation similaire dans d’autres pays africains en crise et en conflit, les perspectives des migrant.e.s et des réfugié.e.s en Europe peuvent difficilement être qualifiées de décentes aussi. Dans la plupart des cas, les migrant.e.s ne sont pas ni les bienvenues ni accueilli.e.s décemment par les pays d’accueil européens – la situation dans les pays de la Méditerranée continue de démontrer le manque d’humanité et la discrimination à l’égard des Africain.e.s. En Europe continentale, les migrant.e.s séjournent dans des parcs publics à Bruxelles, en Belgique, vivent dans des tentes à la Porte de la Chapelle à Paris, en France. La liste des villes et pays européens où des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants sont victimes de discrimination simplement parce qu’ils/elles sont des migrant.e.ss n’en finisse pas.
Nous vivons dans un monde déshumanisé, où la rhétorique de bas étage, les accords pour endiguer la migration irrégulière et la criminalisation de la solidarité et des personnes défendant les droits des migrant.e.s et des réfugié.e.s prévalent sur l’importance de sauver des vies humaines et de garantir le respect et la protection des droits et de la dignité humaine. Et ce, dans un contexte de la récente adoption du Pacte Mondial pour les Migrations [PMM] en décembre 2018, engagement mondial d’unir les efforts pour sauver et protéger les vies des migrant.e.s et faire respecter leurs droits fondamentaux.
La plateforme de développement de la diaspora Afrique-Europe [ADEPT] et ses membres condamnent fermement la situation inhumaine des migrant.e.s africain.e.s en Libye et appellent l’Union Africaine, les gouvernements africains, ainsi que les organisations de la société civile et internationales œuvrant sur le terrain à travailler ensemble pour :
- Trouver une solution durable à la crise en Libye et prévenir les souffrances de nos compatriotes africains ;
- Libérer les migrant.e.s des centres de rétention et assurer leur réinstallation en toute sécurité et la possibilité de retourner dans leurs pays respectifs s’ils/elles le souhaitent ;
- Fournir à toute.s les migrant.e.s, réfugié.e.s et demandeur.e.s d’asile africain.e.s, la protection et l’assistance nécessaires, en particulier aux plus vulnérables, comme les femmes et les enfants ;
- S’acquitter de leurs obligations de partage des responsabilités et de fournir une assistance aux pays accueillant un grand nombre de réfugié.e.s ;
- Respecter et protéger les droits humains des personnes qui cherchent un refuge en Europe, tout en leur garantissant l’accès aux procédures administratives et en facilitant la cohésion sociale et le vivre ensemble sur les territoires et les pays européens ;
- Revoir les politiques migratoires nationales et européennes, suspendre les retours obligés par le règlement de Dublin et veiller à ce que la législation relative au regroupement familial soit bien appliquée et respectée.
Cette situation ne peut pas être résolue par des statistiques, des routes migratoires closes, des retours [non]volontaires, des financements pour améliorer la sécurité des frontières et l’absence d’alternative offerte. Nous devons assumer et partager la responsabilité pour la perte de milliers de vies lors de voyages dangereux, faire pression sur nos gouvernements pour qu’ils cessent de soutenir les guerres et les conflits dont ils ont contribué à créer et commencent à considérer les migrant.e.s comme une opportunité plutôt qu’une menace pour notre sécurité nationale, prospérité économique et nos normes sociales et culturelles.
Il est grand temps de changer d’attitude et de repenser le paradigme migratoire selon lequel traiter tous les réfugié.e.s, demandeur.e.s d’asile et migrant.e.s avec dignité, tout en respectant les droits humains quel que soit leur statut, n’est plus un luxe mais un élément essentiel et vital de notre humanité. Si nous voulons vivre sur un pied d’égalité en toute diversité dans un monde libre de haine, de discrimination et des violences, alors nous devons agir maintenant !
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